Ils sont frais mes candidats!


Il était une fois, un grand marché aux fruits.

 

       Une première personne, vêtue d’un chapeau, arrive au marché. Cet homme meurt d’envie de poires, mais aucun marchand n’en a. Chaque marchand essaye alors de lui vendre autre chose en vantant les mérites de leurs autres fruits. C’est un échec, l’homme refuse à chaque fois et quitte le marché les mains vides.

 

       Une femme à la robe à pois arrive à son tour au marché pour acheter des groseilles chez son marchand habituel, qu’elle connaît et en qui elle a confiance. Son marchand lui vend des groseilles et la femme à la robe à pois repart avec ce qu’elle était venue chercher.

 

      Un peu plus tard, une autre femme à la robe à fleur arrive au marché en souhaitant acheter des myrtilles chez le deuxième marchand, elle a pris l’habitude de toujours acheter ses fruits chez lui.

 

      Le deuxième marchand lui propose plutôt du cassis, il lui explique que les myrtilles ne sont pas bonnes en cette saison, qu’elles ne sont pas encore assez mûres et que ce serait une erreur d’en acheter. En revanche, il soutient que le cassis, dont la ressemblance avec les myrtilles est proche, est meilleur. La femme à la robe à fleur, qui fait confiance à ce marchand, décide de l’écouter et quitte finalement le marché avec du cassis, convaincue par son marchand.

 

      Un homme, une cravate nouée autour du cou, vient lui aussi au marché pour acheter des fraises au quatrième marchand, il va toujours chez celui-ci. Le quatrième marchand lui propose plutôt des myrtilles, plus juteuses en cette saison. Mais le personnage à la cravate refuse de changer d’avis, il a très envie de fraises et pas d’autre chose, il décide de ne pas écouter les conseils du marchand et repart avec ce qu’il voulait acheter.

 

      Une femme aux cheveux frisés arrive elle aussi. C’est la première fois qu’elle vient sur ce marché, elle ne connaît aucun marchand et ne sait pas quel fruit elle veut procurer.

 

      Elle rencontre les personnes venues juste avant elle dans ce même marché: la femme à la robe à pois, celle à la robe à fleur, l’homme à la cravate. Ils lui vantent les mérites de leurs marchands et de leurs fruits. Tous sont d’accord pour dire que les myrtilles ne sont pas bonnes et qu’il ne faut pas en acheter, exactement comme leurs marchands le leur ont dit.

 

      La femme à la robe à pois préfère les groseilles aux myrtilles depuis que son marchand les lui a déconseillées. La femme à la robe à fleurs, elle, opte à présent pour le cassis et l’homme à la cravate a toujours adoré les fraises, il est pour lui hors de question de changer.

 

      La femme aux cheveux frisés, qui ne connaît pas le marché, décide quand même d’acheter des myrtilles et de les goûter pour voir si elles sont vraiment si mauvaises. “Aucune des personnes que j’ai rencontrée ne les a goûtées, tous ne font qu’écouter leur marchand préféré, les myrtilles ne doivent pas être si mauvaises que ce que tout le monde dit ici. Ça ne devrait pas être si horrible!”, se dit-elle.

 

      Elle va donc voir le premier marchand mais il refuse de lui vendre des myrtilles. Il pense que c’est un mauvais choix et que les myrtilles ne sont vraiment pas bonnes.

 

      Elle va donc voir les deuxième et troisième marchands. Mais les deux refusent eux aussi de lui en vendre pour les mêmes raisons. Ils disent que les myrtilles sont des fruits horribles, que ce serait une énorme erreur d’en acheter.

 

      Seulement, après avoir entendu toutes ces critiques à propos des myrtilles, la femme aux cheveux frisés a de plus en plus envie d’acheter des myrtilles pour les goûter et de juger par elle même, elle se répète qu’un fruit ne peut pas être si terrible qu’on le dit.

 

      Elle va finalement voir le dernier marchand.

 

      Ce marchand accepte de lui vendre des myrtilles sans faire aucune critique négative sur le fruit, la femme aux cheveux frisés, ravie, en achète donc et repart chez elle avec ce qu’elle voulait goûter.

 

       Si chaque personne venue au marché de l’histoire était un électeur, et que chaque marchand était un média différent, alors l’histoire prendrait un sens nouveau.

 

      Chaque média, comme les marchands, affirme ses convictions et n’hésite pas à rabaisser certains partis politiques, ou les fruits, qu’ils considèrent comme mauvais, et cela sans arrêt.

 

      Les personnes, habituées à s’informer, ont souvent leur média préféré, et elles lui font confiance, alors elles l’écoutent et le croient sans parfois user de leur esprit critique. Ces mêmes personnes sont alors elles aussi, comme leurs médias, persuadées que tel ou tel parti politique est mauvais et que ce serait une erreur de voter pour celui-ci, exactement comme avec les myrtilles de l’histoire.

 

      Mais certains électeurs, comme la femme aux cheveux frisés, se disent que les autres exagèrent, qu’il ne peut pas exister de parti politique aussi horrible que ce qu’on raconte, et décident alors de s’y intéresser, non pas parce qu’elles partagent les convictions de ce parti, mais parce qu’il est stigmatisé.

 

      Puisque tous les autres médias en parlent très souvent, même si c’est en négatif, ils se disent que ce parti politique, qui n’est encore jamais passé au pouvoir, doit avoir un “quelque chose” pour qu’on en parle tant. “J’ai été déçu par le quinquennat d’untel, le journal auquel je suis abonné depuis dix ans le soutenait pourtant, il m’a donc déçu aussi. J’irai voir ailleurs la prochaine fois”.

 

     Cette petite histoire a pour but de vous inciter à utiliser votre esprit critique. Ne vous laissez pas trop influencer par les médias qui vous entourent. Il faut savoir faire la part des choses. Chaque média aime à critiquer. Ce ne sont pas les éloges et les compliments qui font monter l’audience, mais bel et bien la critique. Chaque média, bien que défendant des convictions adversaires, trouve donc souvent un intérêt à l’élection d’un parti populiste. Ainsi le Front National n’est souvent pas placé sur le même pied d’égalité que les Républicains ou le Parti Socialiste. En tournant au ridicule le parti d’extrême-droite, la critique ne se fait pas aussi réfléchie qu’elle le pourrait. Les médias risquent donc d’entrer de plain pied dans le jeu du Front National, c’est-à-dire de faire parler d’eux au maximum.

 

Garance S. et Suzie T.


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Commentaires: 1
  • #1

    Makoroba, Edanur et Zoé (jeudi, 11 mai 2017 15:31)

    Ce site est le plus génial que j'ai vu de ma vie entière ! ♥